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Destruction des fonds et des habitats marins, impact sur le climat : le chalutage de fond sur la sellette

Le chalutage de fond, qui consiste à tracter un très lourd filet en forme d’entonnoir sur le plancher océanique, est sur la sellette. Il lui est reproché non seulement son manque de sélectivité, qui lui fait capturer de nombreuses prises accessoires de poissons ou de crustacés non ciblés, mais aussi son effet délétère sur les petits invertébrés qui vivent sur les fonds et constituent la base de la chaîne alimentaire marine.
Cette technique de pêche, dénoncée aussi pour sa grande consommation de gasoil, est à présent également critiquée pour les panaches de carbone qu’elle engendre en raclant le fond. Une partie de ce carbone – enfoui pour des millénaires dans les sédiments marins tant que ceux-ci ne sont pas mis en suspension – va rejoindre l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone, contribuant ainsi au changement climatique.
Jeudi 18 janvier, le Parlement européen avait inscrit à son agenda un débat sur le plan d’action destiné à « protéger et à restaurer les écosystèmes marins pour une pêche durable et résiliente » élaboré par la Commission européenne. Ce texte, qui date de 2023, consacre tout un chapitre à « la pêche de fond mobile », c’est-à-dire menée au moyen de différents modèles de chaluts, dragues, sennes. Ces engins – le chalut de fond en particulier – font « partie des activités les plus répandues et les plus préjudiciables aux fonds marins et aux habitats connexes », insiste Bruxelles. Ils sont responsables des perturbations physiques de près de 80 % des zones côtières de l’Union européenne. D’autant que les chalutiers reviennent souvent tracter leurs filets lestés plus de dix fois par an aux mêmes endroits.
Les eurodéputés n’ont pas appuyé l’initiative de Bruxelles. Sans grandes discussions, ils ont au contraire approuvé à une large majorité le rapport préparé par la commission pêche du Parlement qui désavoue le plan d’action pour la protection des écosystèmes marins. Or, l’une des mesures phares de celui-ci invite les Etats membres à se préparer à exclure progressivement cette pratique de leurs aires marines protégées (AMP) d’ici à 2030. La Commission européenne rappelle au demeurant que la législation communautaire exige déjà des mesures de leur part afin de préserver les habitats marins des sites classés Natura 2000. « Nos mers et océans constituent un important puits de carbone naturel, en particulier les sédiments océaniques. L’importance du stockage et du maintien du carbone bleu dans les habitats marins pour lutter contre le changement climatique est de plus en plus reconnue », argue-t-elle.
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